- janotisme
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• 1779, -1828; de Janot, nom d'un personnage du théâtre comique de la fin du XVIIIe♦ Vieilli Construction maladroite de la phrase donnant lieu à des équivoques (ex. c'est la voiture de ma grand-mère qui est morte).⇒JANOTISME, subst. masc.Littér., rareA. — Esprit borné, simplicité excessive, bêtise. Il y a ici un vieux domestique, le meilleur des hommes et le modèle des serviteurs, mais un fond de janotisme. Il venait apprendre à Marin la mort d'Etienne Fould, (...) en fondant en larmes. Comme ses larmes duraient trop, Marin, impatienté, lui cria : « Qu'est-ce que ça peut bien vous foutre, cette mort? » Les larmes d'Aimé se séchant soudainement : « Au fait, c'est vrai! » dit-il (GONCOURT, Journal, 1894, p. 640).B. — Défaut de style qui consiste à rompre la logique syntaxique en rapprochant abusivement certains membres de phrase et en provoquant des équivoques burlesques. Le « mauvais » français n'est souvent que du néo-français qui n'ose pas dire son nom (...). Je ne reculerai même pas à l'occasion devant l'homologation des pataquès, cuirs, velours, impropriétés, janotismes, quiproquos, lapsus, etc. (QUENEAU, Bâtons, chiffres et lettres, Paris, Gallimard, 1965 [1955], p. 69).Prononc. et Orth. : [
] ou [-o-]. Pt ROB., Lar. Lang. fr. : jeanno- (var.) Étymol. et Hist. 1. 1779 Jeannotisme « niaiserie » (Corresp. littér. secrète, 18 déc., n° 52 ds PROSCHWITZ Beaumarchais, p. 338); 2. 1828-29 janotisme « construction maladroite de la phrase » (RABAN, MARCO SAINT-HILAIRE, Mém. forçat, t. 3, p. 31). Dér. au moyen du suff. -isme de Janot, Jeannot (dimin. de Jean), surnom traditionnel des sots (cf. Jehannot « sot », 1397 ds GDF., v. aussi FEW t. 5, pp. 45-46), et en partic., nom d'un personnage de niais, affecté d'un défaut de lang. consistant à intervertir les membres d'une phrase, popularisé par DORVIGNY ds Janot, ou les battus paient l'amende, pièce jouée en 1779.
ÉTYM. 1829, jeannotisme; janotisme, 1779; de Janot ou Jeannot, nom d'un personnage de théâtre de la fin du XVIIIe, type de l'ingénu niais et ridicule.❖♦ Vieux.1 Simplicité niaise. ⇒ Sottise.2 Construction vicieuse de la phrase donnant lieu à des amphibologies grotesques (ex. : elle offrit des crêpes à ses invités qu'elle avait fait sauter elle-même).0 Le mauvais français n'est souvent que du néo-français qui n'ose pas dire son nom. En soulignant ce qu'ils jugent être des fautes, des erreurs, etc. (…) on ne peut que faciliter la tâche de ceux qui veulent conserver au français classique toute sa pureté. Je ne reculerai même pas à l'occasion devant l'homologation des pataquès, cuirs, velours, impropriétés, janotismes, quiproquos, lapsus, etc. Il y a peu de fautes stériles. Pipe en écume de mer est plus « poétique » que pipe de Kummer (à supposer que cette étymologie soit la bonne)…R. Queneau, Bâtons, chiffres et lettres, p. 69.
Encyclopédie Universelle. 2012.